mardi 18 septembre 2007

Les copains d’abord

Cher tous, comme je vous l’écrivais hier (enfin, il y a 10 minutes, mais pour vous, c’était hier, ha ha), j’ai pu assez rapidement m’adapter à la jungle de la vie de bureau kievienne pour mener à bien mon boulot. Mais restait un pan de ma vie à remplir : socialiser. Pas facile de se faire des amis quand on débarque toute seule dans un pays, certes pas tout à fait étranger puisque j’y avais des repères, mais dans lequel je ne connaissais personne. Mon amie Olga n’étant pas très disponible, il a donc fallu que je me mette en quête d’amis. Maintenant que mon séjour touche à sa fin, je peux vous dire que je me suis fait trois sphères d’amis bien distinctes : d’abord Vadim l’ex-hippie et sa femme, la belle Tania, compositrice de musique d’église, ensuite Jenia la petite blonde de Facebook, son ami Andyi le philosophe et toute la bande d’espagnols qui gravitaient autour, et enfin Hitchy et Scratchy, mes deux chers expatriés.

Jenia, Andryi et les masques à gaz

Seule dans mon appartement de trois pièce, il fallait que je trouve le moyen d’occuper mes week-end, et de me frotter un peu à l’âme slave locale. Grâce à ce merveilleux outil chronophage mais si sympathique qu’est Facebook, j’ai pu entrer en contact avec Jenia, riante blondinette encore plus petite que moi (!), qui paraît encore plus jeune (!!) et qui est responsable de production industrielle dans une usine (!!!). A notre premier café, elle m’a fait visiter Kiev en me parlant de sa foi Bohai (religion dont je n’avais vraiment jamais entendu parler) et de son petit ami anglais. J’ai aussi rencontré son ami Andryi, pour qui j’ai tout de suite éprouvé de la sympathie. Malgré une légère ressemblance au personnage de quasimodo, sa gentillesse et son originalité lui donne un charme sympathique. Surtout que nous avons ensemble exploré un vide-grenier dans un quartier de Kiev assez semblable à l’image que je me fais des faubourgs de Kinshasa. Ce marché très rustique m’a permis de voir un peu la réalité de l’Ukraine, au-delà des jolies rues du centre-ville. Sur une allée boueuse, des dizaines et des dizaines de moustachus aux dents manquantes et de babouchki ridées proposaient, à même le sol sur une couverture de fortune, des collections d’assiettes à fleurs, de manuels du parfait pionnier, de pièces détachées de machines-outils produites en 1964 et de masques à gaz, pour trois kopeks. J’y ai déniché un petit couteau de poche qui ne me quitte plus. Ces deux compères m’ont permis de rencontrer toute une bande d’espagnols avec qui j’ai aussi fait quelques sorties, mais ma sphère sociale ne s’arrête pas à eux.

Hitchy et Scratchy

Je vous racontais dans le précédent billet que, grâce à la technique du mail larmoyant, j’avais pu rencontrer des professionnels qui m’ont aidé pour mon travail. C’est donc en contactant une de ces boîtes que j’ai fait la connaissance du Français Hitchy (ce n’est qu’un amusant sobriquet utilisé pour égayer mon histoire, hein, rassurez-vous). La trentaine pétillante, il m’a expliqué avec force de détails tout ce que je voulais savoir, puis nous avons sympathisé, et il m’a proposé de rejoindre son comparse Scratchy dans un restaurant pour dîner. Je me suis vue tout d’abord bombardée de questions, pourquoi je suis ici ? Pourquoi je parle russe ? Qu’est ce que je pense de l’Ukraine ? Et qu’est ce que je veux faire plus tard ? Il faut croire que j’ai réussi l’examen, car Scratchy m’a ensuite avoué qu’en fait il fuyait au possible la fréquentation des Françaises, mais qu’avec mon profil original je faisais figure d’exception. J’aime me sentir exceptionnelle. Hitchy et Scratchy ont plusieurs qualités. Déjà, c’est un peu deux Pères Castor, ça fait deux ans qu’ils sont en Ukraine, mais à la vitesse à laquelle se développe le pays ils font déjà figure de vétérans, et ont tout plein d’histoires à raconter. J’y consacrerai un billet. Ensuite, ils font aussi guide touristique. Ou plutôt, guide du Français paumé, ils connaissent les bons plans tout comme les lieux de perdition de la capitale (j’y consacrerai un autre billet…). En revanche, ils ne fument pas, ne boivent pas, et arnaquent à peine le fisc. Ce sont donc de parfaits aliens dans la jungle post-soviétique.

Vadim, Tania et ma première cuite

Mais c’est au contact de Vadim et Tania que j’ai pu me frotter à l’ « âme slave » qui nous fait tellement fantasmer, nous autres occidentaux engoncés dans notre si banal confort, qui rêvons d’aventure au fond de nos pavillons. Jo, mon ancien compagnon de galère moscovite, avait fait la connaissance de Vadim l’an dernier dans le train Varsovie-Kiev, et le contact était tellement bien passé qu’il s’était vu convié pour quelques jours dans l’appartement de l’Ukrainien. Vadim est un ancien hippie qui a passé une partie de sa vie seul dans l’Altaï avec son cheval, et qui rêve de constituer un jour une communauté vivant en communion avec la nature. Sa jeune et belle femme Tania est compositrice de musique pour les chorales d’église. Ils forment une joyeuse paire de lurons qui, dès la première rencontre, me conviaient déjà dans leur maison en Crimée l’été prochain. Ils m’ont fait faire le tour de Kiev, visiter une église, un musée, un parc, manger un borshtsh, promener dans le centre-ville, tout en babillant gaiement sur les relations franco-ukrainiennes. Puis on ne pouvait pas finir cette journée sans fêter notre rencontre, alors on s’est installés sur les bords du Dniepr avec deux bouteilles de vin rouge (il fallait bien fait honneur à la France, même si le vin était chilien), du faux camembert et quelques noisettes, et on a trinqué, chanté, récité des poèmes, rigolé en regardant les insconscients se baigner dans le fleuve noir de pollution et j’ai même, vin chilien aidant, raconté des « anekdot », qui, une fois n’est pas coutume, ont fait rire tout le monde. On a terminé la soirée dans leur petit appartement en travaux, à finir la bouteille et à essayer de chanter l’ave maria de Bach-Gounod, avec un résultat plus ou moins heureux mais qu’importe. J’avoue que le lendemain matin, j’avais un peu de mal à suivre le juriste qui m’expliquait les rouages vicieux de la comptabilité ukrainiennes et les subtilités d’enregistrement des SARL, mais comment regretter une pareille journée ?

Voilà pour ma vie sociale, qui verse plus dans le qualitatif que dans le quantitatif, mais ça me convient très bien. Allez, demain je vous raconte mes mésaventures au contact rude des Ukrainiens bougons.

4 commentaires:

Alcibiade a dit…

Ahhh, la foi Bohai, je me souviens d'en avoir visité le grand temple sur les hauteurs d'Haifa. Imaginez le palais le plus mégalo possible, avec du marbre de toutes les couleurs partout et des trucs dorés posés sur tous les meubles... Le tout agrémenté d'une visite nous vantant les mérites de cette religion de la paix qui aurait 56 milliards d'adeptes dans l'Univers.

Autre rencontre avec cette sympathique religion fut à Sciences Po en 2ème année quand une association Bohai a voulu se faire reconnaitre, ils avaient des petits tracts sympa expliquant que leur religion était de paix et d'amour et qu'ils allaient un jour établir la paix galactique.

En tout cas, un billet qui se termine par une cuite ne peut pas être totalement mauvais...

Anonyme a dit…

Hi,

nice to read (I hardly write French, but I can read it) since I've done a similar thing, from may - august, to live and travel in Ukraine. Dnipropetrovsk was my base. Good luck and I hope you'll have loads of fun!

(ukrainediary.googlepages.com)

Lili Kawaii a dit…

Le hasard a bien fait les choses: ce blog semble passionnant. je me fais du thé et je m'installe :)

Bonne continuation
Lili K.

Anonyme a dit…

je ne comprend pas ce que tu sous entend pour la fraude fiscale.......
cela m'apprendra a aider des personnes en détresse tu parle d'une réputation que tu me fait, enfin puisque tu n'as pas parlé des endroits de perditions visités ça vas mon honneur est presque sauf