samedi 7 juillet 2007

Histoire de bien commencer mon séjour...

Mes amis, pour inaugurer ce blog estival, rien de très sexy, trashy, kinky, pardon à ceux que j’ai habitués à du plus croustillant dans une antérieure version. Juste quelques petites impressions que je rédige histoire de pas trop m’emmerder depuis ma chambre d’hôtel. Mais ne désespérez pas, après tout ce n’est qu’un début…
Je précise qu'avant de me rendre à Kiev, je passe quelques jours à Lodz, en Pologne. Je suis arrivée hier.

Avant-Propos : considérations livresques sur l’art de voyager quand on est totalement à côté de la plaque

Quitter son petit nid, ce n’est pas une mince affaire ; si voyager est un désir que tout étudiant bobo qui se respecte proclame à qui veut l’entendre, le rendre effectif est un tout autre problème. Quoi de moins glamour que d’amener de toute urgence un énorme sac Ikéa de fringues sales à la laverie histoire d’avoir quelque chose à se mettre sur le dos une fois sur les routes ?
Il y a aussi l’inévitable énumération de ces petits objets quotidiens qui nous paraissent si anodins mais qui deviennent cruellement indispensables une fois absents. On se surprend à se demander si on sera capable ou non de vivre sans son gant de crin ou son exemplaire d’ « une exécution ordinaire » (348 pages, le salaud… il aurait pu abréger, j’ai pas que ça à emporter moi). Et puis il y a la cornélienne courbe d’indifférence qui se trace entre le désir de voyager sans s’encombrer et la soudaine nécessité d’emporter la moitié de sa garde-robe.

C’est bien simple, 24 heures avant de partir, je n’avais pas de passeport, personne à Lodz n’était au courant de mon jour d’arrivée et je ne me souvenais plus du nom de la monnaie polonaise. Mes affaires, sales pour la plupart, étaient ventilées aux quatre coins de l’appartement de Rémi, et pas une seule seconde je n’avais réfléchi à l’organisation de mon départ. Familièrement, je pense qu’on pourrait appeler ça « partir à l’arrache ».

Mais, une fois la machine lancée, le stress cède peu à peu la place à la curiosité. Rien que dans le bus pour l’aéroport de Beauvais, je remarquai qu’il n’y avait quasiment que des Polonais autour de moi. C’est une drôle de langue, tout de même, c’est un peu comme du russe, mais avec des « pch » partout et des diphtongues à consonance brésilienne.


Introduction à la Polonologie

Mais le dépaysement a commencé une fois à bord du boeing. J’étais coincée entre deux jeunes Polonais ; celui près de la fenêtre m’a tout de suite adressé la parole, et pendant le vol on a babillé joyeusement dans un sabir globish mêlé de quelques mots de russe. Lukas revenait de son premier séjour en France, c’était la deuxième fois de sa vie qu’il prenait l’avion. J’appris que c’était un étudiant en théologie qui voulait devenir prêtre. Je ne savais même pas que ce genre d’animal existait… Avant de sortir de l’avion il m’a demandé de le prendre en photo, le sourire jusqu’aux oreilles, et de bien faire attention au cadrage pour qu’on voit le hublot derrière… A ma droite, Pavel, casque de DJ sur les oreilles branché à son Palm, restait concentré sur son exemplaire de Maus traduit en polonais. Deux aperçus vivants, plutôt sympathiques , de ces jeunes qui peuplent la Pologne aujourd’hui…

Lodz, ses manufactures et ses moustachus…

On m’avait bien prévenu que Lodz n’était pas une très jolie ville. Pas de monument ni de vieux quartiers qui valent vraiment le coup, ce n’est pas le genre d’endroit qui attire les cars de Japonais. Pourtant, c’est loin d’être la ville industrielle post-soviétique la plus laide que j’ai visité (Ijevsk… rhaaa). Le centre-ville est plein d’anciennes manufactures en brique rouge comme j’en ai vues pas mal à Moscou, à l’abandon pour la plupart, vétustes avec les vitres cassées, mais une ancienne fabrique de textiles a été tout récemment rachetée et retapée par des investisseurs français pour la plupart. Ils en ont fait un grand centre commercial tout en préservant les murs de l’ancienne manufacture. Le résultat n’est pas mal du tout, et c’est en voyant ce genre de travaux que je me dis, au risque d'en hérisser certains, finalement le business, le grand capital, tout ça, c’est pas si mal... Le centre commercial en question est clair, vivant, très moderne, ce qui tranche avec les rues sales et les moustachus patibulaires qui les peuplent aux alentours.

Regard d’experte : le Polonais (et sa femelle, la Polonaise)

Maintenant, petite typologie accélérée du Polonais. Je suis arrivée hier, l’impression rendue sera donc très partielle, une ébauche que je complèterai si besoin est. Une bonne gueule de slave dans l’ensemble, genre « attention russkoff » gravé entre les deux yeux, visible à des kilomètres. Mais le Polonais est, contre toute attente, moins laid que le Russe. Il y a toujours ces moustaches, ces bedaines, ces pommettes saillantes et ces coupes MacGyver reconnaissables entre mille, mais l’effet d’ensemble, concernant la gent masculine, est moins effrayant que chez les Popoffs d’en haut. Les demoiselles ont quant à elles la même blondeur oxygénée et les mêmes nez en trompette, mais sont largement moins bitchy que les Moscovites. Bon, Lodz est une ville de province en même temps, il faudrait voir à quoi ressemblent les chicks à Varsovie.

Conclusion et avis du jury


Même la bouffe m’a plutôt agréablement surprise, pourtant l’est n’est pas réputé pour sa gastronomie. Bon, mieux vaut aimer le cochon et les patates, rien d’extraordinaire, mais on sent un effort quand même. Dans l’ensemble, je m’étais préparée à un endroit glauque, limite suicidaire, mais j’ai plutôt l’impression d’un pays en train de doucement renaître. Et puis, je sais pas, on sent qu’on est en Europe quand même. Pas d’aveugle mutilé unijambiste qui vend ses choux pourris à chaque arrêt d’autobus, pas trop d’ivrognes agonisants ni de mafia cylindrée très apparente. Bref, ça ressemble beaucoup à la Russie, mais en plus civilisé. Attendons de voir la suite du programme…

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Bien, c'est un bon début à ce que je vois... Alors, c'était pas la peine de stresser comme une malade tu vois!!!

Je suis content que le voyage commence bien... Et j'attends avec impatience le comparatif Pologne/Ukraine/Europe, on devrait bien rigoler...

Thibault

Bonne continuation! ;-)

Anonyme a dit…

Moi, j'aime le cochon, j'aime les patates (j'aime même les choux, c'est dire que je suis fait pour la Pologne), mais j'aime aussi les PHOTOS, alors tu t'y mets, et rapidement !

En tout cas, bon courage pour ton blog et ton séjour : je suivrai les deux assidûment. Si t'es sage, je me lancerai demain dans une explication de pourquoi et comment la situation de la Pologne symbolise l'échec du capitalisme.

Amuse-toi bien et souviens-toi : c'est peut-être des slaves, mais au moins c'est pas des...

A bientôt,
Gwenolé

Natasha A. a dit…

Entendu, coco, je recharge les batteries de mon Nikon dès ce soir, comme ça j'illustrerai mes propos (moustaches, unijamistes, etc...). Mais, si je peux me permettre concernant ta dernière remarque... "Que des slaves" dis tu? Et les propriétaires des manufactures, tu crois que c'était qui???
Bises !!

Yoël a dit…

Pourrais tu mettre une gerbe de ma part sur la tombe de Nestor Makhno "le Cosaque de l'Anarchie", un combattant de la cause libertaire pendant la guerre civile russe, qui doit etre enterré en Ukraine mais je sais pas où...
Tu mets sur la gerbe que c'est de la part de Yoël, un autre libertaire prochainement en rouge et noir...

Bravo pour ce blog, tiens nous bien au courant de tes fulgurantes idées pour cette percée fulgurantes de l'industrie de l'étale à poisson que nous attendons tous. Tu es comme une soldate luttant pour rétablir notre excedent commercial, tu as mon soutien.

Ciao.

Anonyme a dit…

alerte, la plume, et guilleret, le ton! bonne idée que tu as là. Bon courage pour demain, positionne-toi bien dans le créneau des désinfectants pour collectivités, n'oublie pas le petit tailleur chic!
bisous

Anonyme a dit…

J'adore l'idée du blog, bravo. J'aimerai tellement avoir le temps d'en écrire un (et de faire d'autre choses peut être moins essentielles comme manger et dormir). Ton commentaire sur les départs à l'arrache m'a vraiment plu. J'ai emporté 2 valises avec moi mais ça ne m'a pas empêché d'oublier mon précieux pantalon noir... j'ai donc 3 vestes noires dans mon placard qui me narguent et ne vont avec rien, et je porte toujours la même chose.
24h avant le départ j'avais donc : un compte bancaire en cours d'ouverture en France que je tentais désesperément de connecter avec un compte UK non encore ouvert, pas les clés de l'appart et encore moins l'adresse, pas d'argent, un tailleur à moitié reprisé, la panique...
Courage, camarade. Et pour dire à un polonais d'aller se faire voir, il faut lui dire "va hanter une maison" (en VO), il parait que c'est hilarant...

Alcibiade a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Alcibiade a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit…

Eh bien, tu as sans aucun doute l'art et la manière d'agrémenter le polonais sauce aux chous.
Je suivrai ça assidument (je suis en stage après tout), et même que j'en volerai l'idée quand ce sera mon tour de partir loin (dans un pays où je parie qu'il y aura aussi des unijambistes qui tapent la manche!)

bises de chez les VRAIS capitalistes (je bosse au Point en ce moment!)

Anonyme a dit…

Nat j'ai attendu ton coup de fil toute la matinée l'autre jour... :(
mais le recit de tes aventures me va bien aussi.
J'espère que tu as bien planqué les thunes de Samovar chez toi (ou mieux, que tu les as placé pour faire fructifier notre capital), certains slaves qui peuplent la rue Bénard répètent dangereusement "davaiti progulaem dengi samovara".