Papillotes et compagnie
Allant chercher mon chef à l’aéroport, je fais cette expérience un peu troublante : apparaît dans le hall de Borispol un véritable déferlement de papillotes, des barbes en rafales et des volants noirs qui virevoltent : une invasion de rabbins ! Incroyable, des jeunes, des vieux, des roux, des bruns, des blonds, des dégarnis, des pré-ados à duvet, même des enfants. Tous la même robe noire et les bouclettes de chaque côté de la tête. Comment transmettre l’incongruité de cette image ? Voir les gras chauffeurs de taxi, dans leurs vestes en jean, lancer des regards hébétés à ces hébraïques ecclésiastiques venus d’un autre temps, c’était tellement cocasse… Aucun d’entre eux n’osait leur proposer leur service. Les rabbins eux-mêmes semblaient un peu dépassés par les événements, mais ils avaient l’avantage du nombre. J’ai su ensuite par Scratchy l’expatrié toujours au courant de ce qui se passe, qu’effectivement, une fois par an un ou deux avions étaient spécialement affrétés des Etats-Unis pour emmener des véritables colos de rabbins en pèlerinage sur la tombe d’un juif, quelque part dans un petit coin perdu d’Ukraine.
Brève
En longeant un grand boulevard bordé d’un petit bois, j’ai croisé une vache…
« Boule de Suif »
Sortant d’un rendez-vous un peu excentré par une belle matinée de juillet, je décide, fringante et guillerette, de couper par un petit bois pour essayer d’atteindre l’avenue qui mène à mon appartement. Plus j’avançais dans ce bois, moins il me paraissait recommandable, mais je décide de combattre cette impression donnée par les déchets qui jonchent le sol et quelques individus patibulaires qui me regardent du coin de l’œil. J’avance alors sur un vague chemin et j’entends brusquement une voix féminine qui m’appelle « Mademoiselle, mademoiselle » (ou plutôt, si je veux rester littérale, « femme, femme ! »). J’aperçois alors une grosse femme, type « Boule de Suif », assise dans l’herbe, mangeant une boîte de thon. Elle était en soutien-gorge et son maquillage coulait. J’étais à quelques mètres, je ne pouvais pas l’ignorer, surtout qu’elle avait l’air de m’appeler à l’aide, alors je m’approche. Elle me demande de l’aider à se lever et commence à m’expliquer d’une voix confuse qu’elle était venue se reposer avec une amie mais que l’amie est partie, et qu’elle n’arrivait pas à se relever seule. Je me suis alors trouvée devant un vrai dilemme : devais-je fuir cette espèce de folle en soutien-gorge qui avait manifestement besoin de parler (je me suis aperçue un peu après qu’elle devait être aussi à 4 grammes), ou rester et prêter une oreille attentive à ses jérémiades ? Mais comment l’aider, sans exagérer elle devait faire deux fois et demi mon poids ?.. Bon, je ne sais pas si c’est par amitié pour l’âme slave ou en souvenir de cette fois où j’avais moi aussi été en difficulté à Moscou (mais pas en soutien-gorge) et j’avais trouvé une inconnue à qui raconter mes malheurs, mais le fait est que je suis restée. Effectivement, elle voulait surtout une oreille, une épaule sur laquelle pleurer : « je suis infirmière, mon mari a une maîtresse et il m’a frappé ce matin ». Allons bon, je l’ai consolée comme j’ai pu en marmonnant quelques « ça ira, ça ira », en l’aidant à se relever, je me suis même laissé embrasser grassement sur la joue, mais c’est quand elle a commencé à me donner des « C’est Dieu qui t’as mise sur mon chemin » que j’ai compris qu’il était temps de mettre les voiles. Je n’ai pu m’en débarrasser qu’en lui promettant de l’appeler bientôt, ce que je n’ai pas fait. Mais elle m’a tout de même fait de la peine.
Dragueurs de rue
Enfin, finissons sur une note positive et flatteuse : les dragueurs. Une copine de blog (allez-y, c’est vachement bien : www.u-blog.net/ptitpoual ) relate souvent les salades racontées par ces jeunes entreprenants aux jeunes filles dans les rues de Paris, et c’est pour lui faire écho que je voulais narrer deux anecdotes, histoire de montrer à la rouquine que les Kiéviennes n’ont rien à nous envier de ce point de vue là. D’abord, le jeune technicien d’Internet (oui oui, les mêmes qui étaient à deux doigt de m’expulser du territoire ukrainien deux jours avant). Pendant que son comparse (plus joli garçon que lui, d’ailleurs) s’évertuait à brancher les câbles, lui me faisait la discussion « Française, vraiment ? De Paris, vraiment ? Et vous jouez du piano, vraiment ? ». Puis glisse dans la conversation : « et sinon, le soir vous faites quoi ? », Bon, je fais mine de ne pas comprendre, alors son compagnon en rajoute une couche « il est en train de vous inviter un soir, là ». Je ris, et fais mine d’évacuer la discussion, mais l’après-midi même, devinez qui m’appelle ? « Oui, c’était pour être sûr que tout marchait bien… et sinon, pour ce soir, qu’est ce que vous en pensez ? ». J’ai crû m’en être débarrassée en prétextant une quelconque occupation, mais le lendemain, un texto cette fois, qui m’a faite hurler de rire (en traduction ça donne à peu près ça) : « Chère Natalie, vous m’avez enchanté avec votre beauté. Je serai toujours prêt à me promener avec vous, si vous en avez le souhait. Mes respects, Kirill ». Heureusement, il n’ pas réitéré. Mais l’anecdote m’a rappelé à quel point les garçons pouvaient être collants..
D’ailleurs, il y a peu, je sortais d’un bar, seule. C’était le soir et j’étais en plein centre-ville, me dirigeant vers le métro. Un chauffeur de taxi arrive à ma hauteur, et me lance un « Z’avez pas besoin d’un taxi ? » Je lui fait signe que non. Alors, il continue « Z’êtes sûre ? » Sourire négatif de ma part. Alors il s’est lancé dans un monologue appuyé, demandant pourquoi une siii jolie fille avec un siiiiii joli sourire ne prendrait pas un taxi. Il roulait au pas, juste à ma hauteur, et s’amusait à se rapprocher de moi un maximum. Comme je voyais que ce n’était qu’un jeu plutôt bon enfant, je suis restée sur le ton de la plaisanterie, mais lorsque j’ai atteint le boulevard Khreshatik, avec ses larges trottoirs piétons, j’ai pensé m’en débarrasser d’un signe de main. Que nenni, le chauffard s’est mis à rouler sur le trottoir, tout en me disant que si je voulais il pouvait me raccompagner gratis jusqu’à mon immeuble, même mon appartement si je voulais… Là, vraiment je rigolais, mais tut de même, heureusement qu’il ne m’a pas suivie dans le métro.
Mon prochain billet sera publié de Pologne. Il concernera mes aventures avec Hitchy et Scratchy, enfin je crois.
dimanche 23 septembre 2007
samedi 22 septembre 2007
POIL A GRATTER, ces petites choses quotidiennes si énervantes…
Flic-floc
Pardon pour le retard, chers tous, mais je suis sur le départ, je quitte l’Ukraine demain pour la Pologne. Ne vous en faites pas, j’abreuverai tant que je peux ce blog jusqu’à la fin, j’ai tellement de souvenirs en stock que je veux conserver et faire partager... Rien qu’aujourd’hui (enfin, avant-hier), il a fallu que j’aille faire l’espionne en zone industrielle. Après m’être trompé de sens, j’attrape une marshroutka (mini bus) dont le chauffeur m’a profondément choquée en refoulant une pauvre babouchka qui mettait trop de temps à grimper, en lui disant « j’ai pas le temps pour vous, prenez plutôt un trolleybus ». Et il pleuvait ! Évidemment, personne n’a bronché. Je descends donc sous la pluie à ce que je croyais être l’arrêt de mon usine, et puis voilà que je me retrouve devant… le ministère de la Défense. Diantre ! J’appelle à l’usine, je me suis trompé de numéro, c’est le bâtiment d’à côté (à 500 mètres.)… Sous la pluie, je m’y rends d’un pied léger. Et je marche dans une flaque.
Métro
Oui, il y a des fois où vraiment, l’Ukraine est exaspérante. Je profite de cette anecdote pour vous relater un petit florilège de ces moments qui, j’espère, me feront rire un jour… Prendre le métro par exemple, peut s’avérer un vrai supplice. Bon, la circulation à Kiev est tellement apocalyptique, dantesque et très bouchonnée (la règle ici pour survivre au volant, c’est de faire exactement le contraire du code de la route), il est conseillé de se déplacer en métro aux heures de pointe. Mais voilà, c’est bousculades et gros qui puent garantis, pieds meurtris, épaules écrasées, chaleur étouffante… Et il se trouve encore des marchands à la sauvette qui entrent dans le wagon bondé et déclament à qui veut l’entendre, d’un ton monocorde, un discours vantant les mérites des serviettes jetables ou boîtes à crayons qu’ils vendent pour une grivna.
Divers
Il y a la nonchalance des serveurs, lorsqu’on leur demande « est ce que le WiFi marche ? » ils répondent « Ben, je sais pas », puis s’en vont vaquer à leurs occupations. Et il y a aussi, dans la galerie du métro, cette femme qui, dans son kiosque, vendait entre autres des sacs plastiques (tout s’achète ici, même les cubes de bouillon à l’unité..) qui m’a littéralement incendiée parce que je mettais trop de temps à sortir les 25 kopeks… Ah, et puis il y a eu le parcours du combattant pour qu’on m’installe internet chez moi. C’est pas faute de les avoir appelés à quatre reprises, mon (léger) accent étranger a dû les effrayer. Tout d’abord ils ne voulaient pas venir parce que j’ai un Mac et ils ne sont pas habitués. Bon, c’est stupide en soi, mais on peut comprendre. Ensuite, ils ont annulé la venue des techniciens sans raison particulière, juste, « ils n’ont pas eu le temps ». Quand on connaît les coutumes locales, encore une fois, pas étonnant. Et à ma troisième demande, la demoiselle m’a envoyé joliment valser après un dialogue de sourd à la limite de l’absurde. Sachant donc que j’étais ressortissante française, elle me demande si j’ai un visa et un numéro d’enregistrement à l’ambassade. Je la mets alors au courant que les Schengeniens n’ont plus besoin de visa pour l’Ukraine depuis la Révolution orange, merci. « Alors vous avez un document qui prouve où vous habitez, un numéro d’enregistrement ? » « heu, ben non… » « Alors vous vivez illégalement sur le territoire ukrainien » Quoi ? C’est la meilleure, me voilà renvoyée sur les roses, traitée de clandestine alors que j’essaye désespérément d’être leur cliente…
La gare
Mais je crois que le clou c’était tout à l’heure (heu… lundi dernier…), quand je suis allé acheter mon billet de train pour Varsovie. La gare est assez bondée, je me dirige vers la première caisse, me bats contre une importune mamie aux cheveux jaunes qui voulait me piquer ma place dans la queue, puis on m’annonce, une fois mon tour arrivé « ah, pour Varsovie, c’est la gare d’à côté… ». Bien, je vais à la gare d’à côté, re-attente à la caisse, « bonjour, c’est pour le 23 septembre… » « Caisse n°24, ici je ne fais que les départ du jour ». Très bien, je fais la quue à la caisse 23 « Bonjour, c’est pour le 23… » jusqu’ici tout va bien « pour Varsovie » « Caisse numéro 9, dans la salle d’à côté »… Bizarrement, je suis restée très calme. J’avais ma musique avec moi, celle qui adoucit les mœurs, alors je me suis rendue à la caisse numéro 9, où à ma grande joie il n’y avait personne, simplement la caissière m’a dit, lorsque je me suis adressée à elle « Je suis en pause, allez à côté ». Et on se plaint de la SNCF…
Enfin, je ne veux pas vous donner l’image de la Française qui ronchonne à l’étranger parce qu’ « ils ne foutent rien ces Slaves », demain je vous raconte des choses plus drôles, si j’ai le temps de mettre en ligne un billet avant de prendre mon train.
Pardon pour le retard, chers tous, mais je suis sur le départ, je quitte l’Ukraine demain pour la Pologne. Ne vous en faites pas, j’abreuverai tant que je peux ce blog jusqu’à la fin, j’ai tellement de souvenirs en stock que je veux conserver et faire partager... Rien qu’aujourd’hui (enfin, avant-hier), il a fallu que j’aille faire l’espionne en zone industrielle. Après m’être trompé de sens, j’attrape une marshroutka (mini bus) dont le chauffeur m’a profondément choquée en refoulant une pauvre babouchka qui mettait trop de temps à grimper, en lui disant « j’ai pas le temps pour vous, prenez plutôt un trolleybus ». Et il pleuvait ! Évidemment, personne n’a bronché. Je descends donc sous la pluie à ce que je croyais être l’arrêt de mon usine, et puis voilà que je me retrouve devant… le ministère de la Défense. Diantre ! J’appelle à l’usine, je me suis trompé de numéro, c’est le bâtiment d’à côté (à 500 mètres.)… Sous la pluie, je m’y rends d’un pied léger. Et je marche dans une flaque.
Métro
Oui, il y a des fois où vraiment, l’Ukraine est exaspérante. Je profite de cette anecdote pour vous relater un petit florilège de ces moments qui, j’espère, me feront rire un jour… Prendre le métro par exemple, peut s’avérer un vrai supplice. Bon, la circulation à Kiev est tellement apocalyptique, dantesque et très bouchonnée (la règle ici pour survivre au volant, c’est de faire exactement le contraire du code de la route), il est conseillé de se déplacer en métro aux heures de pointe. Mais voilà, c’est bousculades et gros qui puent garantis, pieds meurtris, épaules écrasées, chaleur étouffante… Et il se trouve encore des marchands à la sauvette qui entrent dans le wagon bondé et déclament à qui veut l’entendre, d’un ton monocorde, un discours vantant les mérites des serviettes jetables ou boîtes à crayons qu’ils vendent pour une grivna.
Divers
Il y a la nonchalance des serveurs, lorsqu’on leur demande « est ce que le WiFi marche ? » ils répondent « Ben, je sais pas », puis s’en vont vaquer à leurs occupations. Et il y a aussi, dans la galerie du métro, cette femme qui, dans son kiosque, vendait entre autres des sacs plastiques (tout s’achète ici, même les cubes de bouillon à l’unité..) qui m’a littéralement incendiée parce que je mettais trop de temps à sortir les 25 kopeks… Ah, et puis il y a eu le parcours du combattant pour qu’on m’installe internet chez moi. C’est pas faute de les avoir appelés à quatre reprises, mon (léger) accent étranger a dû les effrayer. Tout d’abord ils ne voulaient pas venir parce que j’ai un Mac et ils ne sont pas habitués. Bon, c’est stupide en soi, mais on peut comprendre. Ensuite, ils ont annulé la venue des techniciens sans raison particulière, juste, « ils n’ont pas eu le temps ». Quand on connaît les coutumes locales, encore une fois, pas étonnant. Et à ma troisième demande, la demoiselle m’a envoyé joliment valser après un dialogue de sourd à la limite de l’absurde. Sachant donc que j’étais ressortissante française, elle me demande si j’ai un visa et un numéro d’enregistrement à l’ambassade. Je la mets alors au courant que les Schengeniens n’ont plus besoin de visa pour l’Ukraine depuis la Révolution orange, merci. « Alors vous avez un document qui prouve où vous habitez, un numéro d’enregistrement ? » « heu, ben non… » « Alors vous vivez illégalement sur le territoire ukrainien » Quoi ? C’est la meilleure, me voilà renvoyée sur les roses, traitée de clandestine alors que j’essaye désespérément d’être leur cliente…
La gare
Mais je crois que le clou c’était tout à l’heure (heu… lundi dernier…), quand je suis allé acheter mon billet de train pour Varsovie. La gare est assez bondée, je me dirige vers la première caisse, me bats contre une importune mamie aux cheveux jaunes qui voulait me piquer ma place dans la queue, puis on m’annonce, une fois mon tour arrivé « ah, pour Varsovie, c’est la gare d’à côté… ». Bien, je vais à la gare d’à côté, re-attente à la caisse, « bonjour, c’est pour le 23 septembre… » « Caisse n°24, ici je ne fais que les départ du jour ». Très bien, je fais la quue à la caisse 23 « Bonjour, c’est pour le 23… » jusqu’ici tout va bien « pour Varsovie » « Caisse numéro 9, dans la salle d’à côté »… Bizarrement, je suis restée très calme. J’avais ma musique avec moi, celle qui adoucit les mœurs, alors je me suis rendue à la caisse numéro 9, où à ma grande joie il n’y avait personne, simplement la caissière m’a dit, lorsque je me suis adressée à elle « Je suis en pause, allez à côté ». Et on se plaint de la SNCF…
Enfin, je ne veux pas vous donner l’image de la Française qui ronchonne à l’étranger parce qu’ « ils ne foutent rien ces Slaves », demain je vous raconte des choses plus drôles, si j’ai le temps de mettre en ligne un billet avant de prendre mon train.
mardi 18 septembre 2007
Les copains d’abord
Cher tous, comme je vous l’écrivais hier (enfin, il y a 10 minutes, mais pour vous, c’était hier, ha ha), j’ai pu assez rapidement m’adapter à la jungle de la vie de bureau kievienne pour mener à bien mon boulot. Mais restait un pan de ma vie à remplir : socialiser. Pas facile de se faire des amis quand on débarque toute seule dans un pays, certes pas tout à fait étranger puisque j’y avais des repères, mais dans lequel je ne connaissais personne. Mon amie Olga n’étant pas très disponible, il a donc fallu que je me mette en quête d’amis. Maintenant que mon séjour touche à sa fin, je peux vous dire que je me suis fait trois sphères d’amis bien distinctes : d’abord Vadim l’ex-hippie et sa femme, la belle Tania, compositrice de musique d’église, ensuite Jenia la petite blonde de Facebook, son ami Andyi le philosophe et toute la bande d’espagnols qui gravitaient autour, et enfin Hitchy et Scratchy, mes deux chers expatriés.
Jenia, Andryi et les masques à gaz
Seule dans mon appartement de trois pièce, il fallait que je trouve le moyen d’occuper mes week-end, et de me frotter un peu à l’âme slave locale. Grâce à ce merveilleux outil chronophage mais si sympathique qu’est Facebook, j’ai pu entrer en contact avec Jenia, riante blondinette encore plus petite que moi (!), qui paraît encore plus jeune (!!) et qui est responsable de production industrielle dans une usine (!!!). A notre premier café, elle m’a fait visiter Kiev en me parlant de sa foi Bohai (religion dont je n’avais vraiment jamais entendu parler) et de son petit ami anglais. J’ai aussi rencontré son ami Andryi, pour qui j’ai tout de suite éprouvé de la sympathie. Malgré une légère ressemblance au personnage de quasimodo, sa gentillesse et son originalité lui donne un charme sympathique. Surtout que nous avons ensemble exploré un vide-grenier dans un quartier de Kiev assez semblable à l’image que je me fais des faubourgs de Kinshasa. Ce marché très rustique m’a permis de voir un peu la réalité de l’Ukraine, au-delà des jolies rues du centre-ville. Sur une allée boueuse, des dizaines et des dizaines de moustachus aux dents manquantes et de babouchki ridées proposaient, à même le sol sur une couverture de fortune, des collections d’assiettes à fleurs, de manuels du parfait pionnier, de pièces détachées de machines-outils produites en 1964 et de masques à gaz, pour trois kopeks. J’y ai déniché un petit couteau de poche qui ne me quitte plus. Ces deux compères m’ont permis de rencontrer toute une bande d’espagnols avec qui j’ai aussi fait quelques sorties, mais ma sphère sociale ne s’arrête pas à eux.
Hitchy et Scratchy
Je vous racontais dans le précédent billet que, grâce à la technique du mail larmoyant, j’avais pu rencontrer des professionnels qui m’ont aidé pour mon travail. C’est donc en contactant une de ces boîtes que j’ai fait la connaissance du Français Hitchy (ce n’est qu’un amusant sobriquet utilisé pour égayer mon histoire, hein, rassurez-vous). La trentaine pétillante, il m’a expliqué avec force de détails tout ce que je voulais savoir, puis nous avons sympathisé, et il m’a proposé de rejoindre son comparse Scratchy dans un restaurant pour dîner. Je me suis vue tout d’abord bombardée de questions, pourquoi je suis ici ? Pourquoi je parle russe ? Qu’est ce que je pense de l’Ukraine ? Et qu’est ce que je veux faire plus tard ? Il faut croire que j’ai réussi l’examen, car Scratchy m’a ensuite avoué qu’en fait il fuyait au possible la fréquentation des Françaises, mais qu’avec mon profil original je faisais figure d’exception. J’aime me sentir exceptionnelle. Hitchy et Scratchy ont plusieurs qualités. Déjà, c’est un peu deux Pères Castor, ça fait deux ans qu’ils sont en Ukraine, mais à la vitesse à laquelle se développe le pays ils font déjà figure de vétérans, et ont tout plein d’histoires à raconter. J’y consacrerai un billet. Ensuite, ils font aussi guide touristique. Ou plutôt, guide du Français paumé, ils connaissent les bons plans tout comme les lieux de perdition de la capitale (j’y consacrerai un autre billet…). En revanche, ils ne fument pas, ne boivent pas, et arnaquent à peine le fisc. Ce sont donc de parfaits aliens dans la jungle post-soviétique.
Vadim, Tania et ma première cuite
Mais c’est au contact de Vadim et Tania que j’ai pu me frotter à l’ « âme slave » qui nous fait tellement fantasmer, nous autres occidentaux engoncés dans notre si banal confort, qui rêvons d’aventure au fond de nos pavillons. Jo, mon ancien compagnon de galère moscovite, avait fait la connaissance de Vadim l’an dernier dans le train Varsovie-Kiev, et le contact était tellement bien passé qu’il s’était vu convié pour quelques jours dans l’appartement de l’Ukrainien. Vadim est un ancien hippie qui a passé une partie de sa vie seul dans l’Altaï avec son cheval, et qui rêve de constituer un jour une communauté vivant en communion avec la nature. Sa jeune et belle femme Tania est compositrice de musique pour les chorales d’église. Ils forment une joyeuse paire de lurons qui, dès la première rencontre, me conviaient déjà dans leur maison en Crimée l’été prochain. Ils m’ont fait faire le tour de Kiev, visiter une église, un musée, un parc, manger un borshtsh, promener dans le centre-ville, tout en babillant gaiement sur les relations franco-ukrainiennes. Puis on ne pouvait pas finir cette journée sans fêter notre rencontre, alors on s’est installés sur les bords du Dniepr avec deux bouteilles de vin rouge (il fallait bien fait honneur à la France, même si le vin était chilien), du faux camembert et quelques noisettes, et on a trinqué, chanté, récité des poèmes, rigolé en regardant les insconscients se baigner dans le fleuve noir de pollution et j’ai même, vin chilien aidant, raconté des « anekdot », qui, une fois n’est pas coutume, ont fait rire tout le monde. On a terminé la soirée dans leur petit appartement en travaux, à finir la bouteille et à essayer de chanter l’ave maria de Bach-Gounod, avec un résultat plus ou moins heureux mais qu’importe. J’avoue que le lendemain matin, j’avais un peu de mal à suivre le juriste qui m’expliquait les rouages vicieux de la comptabilité ukrainiennes et les subtilités d’enregistrement des SARL, mais comment regretter une pareille journée ?
Voilà pour ma vie sociale, qui verse plus dans le qualitatif que dans le quantitatif, mais ça me convient très bien. Allez, demain je vous raconte mes mésaventures au contact rude des Ukrainiens bougons.
Jenia, Andryi et les masques à gaz
Seule dans mon appartement de trois pièce, il fallait que je trouve le moyen d’occuper mes week-end, et de me frotter un peu à l’âme slave locale. Grâce à ce merveilleux outil chronophage mais si sympathique qu’est Facebook, j’ai pu entrer en contact avec Jenia, riante blondinette encore plus petite que moi (!), qui paraît encore plus jeune (!!) et qui est responsable de production industrielle dans une usine (!!!). A notre premier café, elle m’a fait visiter Kiev en me parlant de sa foi Bohai (religion dont je n’avais vraiment jamais entendu parler) et de son petit ami anglais. J’ai aussi rencontré son ami Andryi, pour qui j’ai tout de suite éprouvé de la sympathie. Malgré une légère ressemblance au personnage de quasimodo, sa gentillesse et son originalité lui donne un charme sympathique. Surtout que nous avons ensemble exploré un vide-grenier dans un quartier de Kiev assez semblable à l’image que je me fais des faubourgs de Kinshasa. Ce marché très rustique m’a permis de voir un peu la réalité de l’Ukraine, au-delà des jolies rues du centre-ville. Sur une allée boueuse, des dizaines et des dizaines de moustachus aux dents manquantes et de babouchki ridées proposaient, à même le sol sur une couverture de fortune, des collections d’assiettes à fleurs, de manuels du parfait pionnier, de pièces détachées de machines-outils produites en 1964 et de masques à gaz, pour trois kopeks. J’y ai déniché un petit couteau de poche qui ne me quitte plus. Ces deux compères m’ont permis de rencontrer toute une bande d’espagnols avec qui j’ai aussi fait quelques sorties, mais ma sphère sociale ne s’arrête pas à eux.
Hitchy et Scratchy
Je vous racontais dans le précédent billet que, grâce à la technique du mail larmoyant, j’avais pu rencontrer des professionnels qui m’ont aidé pour mon travail. C’est donc en contactant une de ces boîtes que j’ai fait la connaissance du Français Hitchy (ce n’est qu’un amusant sobriquet utilisé pour égayer mon histoire, hein, rassurez-vous). La trentaine pétillante, il m’a expliqué avec force de détails tout ce que je voulais savoir, puis nous avons sympathisé, et il m’a proposé de rejoindre son comparse Scratchy dans un restaurant pour dîner. Je me suis vue tout d’abord bombardée de questions, pourquoi je suis ici ? Pourquoi je parle russe ? Qu’est ce que je pense de l’Ukraine ? Et qu’est ce que je veux faire plus tard ? Il faut croire que j’ai réussi l’examen, car Scratchy m’a ensuite avoué qu’en fait il fuyait au possible la fréquentation des Françaises, mais qu’avec mon profil original je faisais figure d’exception. J’aime me sentir exceptionnelle. Hitchy et Scratchy ont plusieurs qualités. Déjà, c’est un peu deux Pères Castor, ça fait deux ans qu’ils sont en Ukraine, mais à la vitesse à laquelle se développe le pays ils font déjà figure de vétérans, et ont tout plein d’histoires à raconter. J’y consacrerai un billet. Ensuite, ils font aussi guide touristique. Ou plutôt, guide du Français paumé, ils connaissent les bons plans tout comme les lieux de perdition de la capitale (j’y consacrerai un autre billet…). En revanche, ils ne fument pas, ne boivent pas, et arnaquent à peine le fisc. Ce sont donc de parfaits aliens dans la jungle post-soviétique.
Vadim, Tania et ma première cuite
Mais c’est au contact de Vadim et Tania que j’ai pu me frotter à l’ « âme slave » qui nous fait tellement fantasmer, nous autres occidentaux engoncés dans notre si banal confort, qui rêvons d’aventure au fond de nos pavillons. Jo, mon ancien compagnon de galère moscovite, avait fait la connaissance de Vadim l’an dernier dans le train Varsovie-Kiev, et le contact était tellement bien passé qu’il s’était vu convié pour quelques jours dans l’appartement de l’Ukrainien. Vadim est un ancien hippie qui a passé une partie de sa vie seul dans l’Altaï avec son cheval, et qui rêve de constituer un jour une communauté vivant en communion avec la nature. Sa jeune et belle femme Tania est compositrice de musique pour les chorales d’église. Ils forment une joyeuse paire de lurons qui, dès la première rencontre, me conviaient déjà dans leur maison en Crimée l’été prochain. Ils m’ont fait faire le tour de Kiev, visiter une église, un musée, un parc, manger un borshtsh, promener dans le centre-ville, tout en babillant gaiement sur les relations franco-ukrainiennes. Puis on ne pouvait pas finir cette journée sans fêter notre rencontre, alors on s’est installés sur les bords du Dniepr avec deux bouteilles de vin rouge (il fallait bien fait honneur à la France, même si le vin était chilien), du faux camembert et quelques noisettes, et on a trinqué, chanté, récité des poèmes, rigolé en regardant les insconscients se baigner dans le fleuve noir de pollution et j’ai même, vin chilien aidant, raconté des « anekdot », qui, une fois n’est pas coutume, ont fait rire tout le monde. On a terminé la soirée dans leur petit appartement en travaux, à finir la bouteille et à essayer de chanter l’ave maria de Bach-Gounod, avec un résultat plus ou moins heureux mais qu’importe. J’avoue que le lendemain matin, j’avais un peu de mal à suivre le juriste qui m’expliquait les rouages vicieux de la comptabilité ukrainiennes et les subtilités d’enregistrement des SARL, mais comment regretter une pareille journée ?
Voilà pour ma vie sociale, qui verse plus dans le qualitatif que dans le quantitatif, mais ça me convient très bien. Allez, demain je vous raconte mes mésaventures au contact rude des Ukrainiens bougons.
dimanche 16 septembre 2007
Toutes mes apologies
Chers lecteurs, j’ai senti la rumeur de mécontentement parcourir vos circuits, j’ai senti le vent de votre déception souffler sur mon adresse IP, vous vous sentiez abandonnés, car j’ai laissé ce blog en friche depuis au moins un mois. Je me sens affreusement coupable, car j’ai moi-même pris l’habitude de régulièrement consulter certains blogs, et quelle ne serait pas ma déception de les voir s’arrêter du jour au lendemain…
Pour me faire pardonner, je vous fais la promesse solennelle, durant les deux semaines qu’il me reste à passer à l’est, de vous publier un petit article chaque jour. Bien sûr, j’anticipe les pièges abominables de la flemme qui risqueraient de me faire manquer à cet engagement. Aussi, à l’heure où je vous parle, depuis ce petit café de la rue Khreshtshatik, accompagnée uniquement d’une jolie bière toute blonde et d’un paquet de Parliament lights flambant neuf (pas de msn ni de facebook pour me détourner de vous), je vais rédiger à l’avance la plupart de ces billets. Bien sûr, ils perdront un peu de leur spontanéité, mais ils y gagneront en recul, en réflexion. En cas d’actualité brûlante, le billet sera adapté, bien entendu.
« Gloire au travail »
C’est ce qu’on peut encore lire, en lettres rouges, sur les murs des usines dès qu’on s’éloigne un peu du centre de Kiev. Cette inscription fait doucement rigoler n’importe quel occidental arrivé en Ukraine, habitué à un service irréprochable, souriant et efficace qu’on ne remarque même plus de par chez nous tellement on est habitué. Vous vous doutez bien que si, à l’époque de l’économie planifiée on se sentait obligé d’encourager les ouvriers au travail par de telles inscriptions, c’est qu’ils y étaient peu enclins. Aujourd’hui, ce n’est plus vraiment à la mode d’ériger des statues aux glorieux travailleurs. Mais les gens qui travaillent ont encore ce besoin de motivation, qui du coup leur fait gravement défaut… Petit florilège d’exemples :
Les rasoirs
Arrivée à Kiev, nez au vent et pleine de motivation, j’attaque bravement mon étude de marché par une série de coups de fils aux entreprises qui m’intéressent. Première tentative, chez les rasoirs. Très fière de mon petit speech préparé soigneusement, je récite dans mon meilleur russe : « Oui, bonjour, je m’appelle Natacha, je représente une entreprise française pour faire une étude de marché, et bla et bla et bla , et je voudrais parler à un responsable commercial». Silence perplexe de la standardiste. « Ah, vous êtes française, l’assistante marketing est française, je vous la passe… ». S’en suit bien sûr cinq minutes d’attente avant que je tombe sur ladite assistante qui, très gentille, est vraiment désolée mais ne peut pas m’aider car « il faudrait plutôt voir avec un commercial ». Hum. Je rappelle, je réexplique patiemment l’histoire à la secrétaire, qui veut me repasser l’assistante marketing, mais cette fois-ci je dis non, vraiment, il me faut un commercial. Bon, ça n’a pas l’air de lui plaire, mais après moult insistance j’obtiens le nom du commercial, mais il faut d’abord passer par son assistante. Qu’à cela ne tienne, j’appelle l’assistante, qui me dit « non, monsieur Popov est sorti, rappelez demain ». Je rappelle le Popov le lendemain, mais cette fois-ci il était parti déjeuner mais de toute façon « il part en komandirovka (voyage d’affaire) ce soir, donc rappelez plutôt la semaine prochaine Lorsque enfin, la semaine suivante j’arrive à parler à monsieur Popov, il me dit « mmm, je n’ai pas le temps de vous recevoir, là, trop de travail, rappelez le mois prochain ». Bon, ben c’est pas gagné…
Le chocolat
Autre variante : les trucs au chocolat. « Oui, bonjour, je m’appelle Natacha, nin nin nin, étude de marché, nin nin nin, je peux parler à un commercial ? », réponse cinglante de la standardiste « Non, mais mademoiselle, on ne va pas vous recevoir, on ne fait pas ce genre de chose » « Mais je… » Bip, bip… Jolie raccorchage à la figure. Mais, ha ha ! Vous me connaissez, les amis, quand on me ferme la porte, je fais tout pour rentrer par la fenêtre… Et sur ce coup j’ai été bien maligne. La boîte étant d’origine suisse (genre grosse boîte que tout le monde connaît), je suppute que le patron est francophone. Petite recherche, et bing, merci Yandex (car les russophones snobent Google, ici c’est Yandex les rois du pétrole), je récupère l’adresse mail du big boss. Je lui rédige une demande très polie, mettant en avant que je suis une jeune étudiante toute seule à Kiev (de Sciences Po, bien sûr), et que j’aurais besoin d’un tout petit peu d’aide, une demi-heure pas plus, et vraiment votre aide me serait très précieuse… Bingo ! Quelques jours plus tard, réponse de la secrétaire du big boss qui me donne le numéro de portable du chef commercial qui s’occupe pile de ce qui m’intéresse et qui est « au courant ». Résultat, ce même commercial m’a très gentiment donné absolument toutes les informations que je voulais, ainsi que les numéros de téléphones de tous les contacts que je lui réclamais… Cette technique du mail suppliant au big boss francophone est résolument la bonne, car elle a aussi très bien marché pour rencontrer les fromages (s’en est d’ailleurs suivie une rencontre primordiale dans ce séjour, que je vous conterai demain).
Les supermarchés Gudule
Enfin, il y a eu les supermarchés Gudule, qui doivent ouvrir une chaîne de magasins l’an prochain. J’avais à ma disposition deux numéros (merci le chocolat !) : le standard et le directeur commercial, il me fallait celui de l’acheteur. Qu’à cela ne tienne, je commence par le standard. On me passe alors une dame qui m’explique qu’en fait il n’y a pas pour le moment d’acheteur en Ukraine, vous comprenez la chaîne n’ouvre que l’an prochain, et c’est au siège, en Allemagne, que tout se décide. Donc, non, désolée, mais il n’y a personne qui pourrait vous aider en Ukraine. Et là, c’est le drame, parce qu’il fallait vraiment que le les rencontre, ces gens de chez Gudule. Me vient alors l’idée de retenter ma chance auprès de mon second contact, le directeur commercial et là, rebingo ! « Mais bien sûr, voici le numéro de l’acheteur, il est là cette semaine, vous pouvez le rencontrer sans problème »… Ce que j’ai fait dès le lendemain.
Morale de l’histoire
On peut toujours obtenir ce qu’on veut ici, mais il faut insister, rappeler, réexpliquer, et ne pas hésiter à demander la même chose à différents niveaux de la hiérarchie. C’est vraiment un boulot pour emmerdeur professionnel… C’est sans doute pour ça qu’il me va si bien !
C’est tout pour aujourd’hui, les enfants, mais demain, je vous raconterai comment je me suis forgée une vie sociale...
Pour me faire pardonner, je vous fais la promesse solennelle, durant les deux semaines qu’il me reste à passer à l’est, de vous publier un petit article chaque jour. Bien sûr, j’anticipe les pièges abominables de la flemme qui risqueraient de me faire manquer à cet engagement. Aussi, à l’heure où je vous parle, depuis ce petit café de la rue Khreshtshatik, accompagnée uniquement d’une jolie bière toute blonde et d’un paquet de Parliament lights flambant neuf (pas de msn ni de facebook pour me détourner de vous), je vais rédiger à l’avance la plupart de ces billets. Bien sûr, ils perdront un peu de leur spontanéité, mais ils y gagneront en recul, en réflexion. En cas d’actualité brûlante, le billet sera adapté, bien entendu.
« Gloire au travail »
C’est ce qu’on peut encore lire, en lettres rouges, sur les murs des usines dès qu’on s’éloigne un peu du centre de Kiev. Cette inscription fait doucement rigoler n’importe quel occidental arrivé en Ukraine, habitué à un service irréprochable, souriant et efficace qu’on ne remarque même plus de par chez nous tellement on est habitué. Vous vous doutez bien que si, à l’époque de l’économie planifiée on se sentait obligé d’encourager les ouvriers au travail par de telles inscriptions, c’est qu’ils y étaient peu enclins. Aujourd’hui, ce n’est plus vraiment à la mode d’ériger des statues aux glorieux travailleurs. Mais les gens qui travaillent ont encore ce besoin de motivation, qui du coup leur fait gravement défaut… Petit florilège d’exemples :
Les rasoirs
Arrivée à Kiev, nez au vent et pleine de motivation, j’attaque bravement mon étude de marché par une série de coups de fils aux entreprises qui m’intéressent. Première tentative, chez les rasoirs. Très fière de mon petit speech préparé soigneusement, je récite dans mon meilleur russe : « Oui, bonjour, je m’appelle Natacha, je représente une entreprise française pour faire une étude de marché, et bla et bla et bla , et je voudrais parler à un responsable commercial». Silence perplexe de la standardiste. « Ah, vous êtes française, l’assistante marketing est française, je vous la passe… ». S’en suit bien sûr cinq minutes d’attente avant que je tombe sur ladite assistante qui, très gentille, est vraiment désolée mais ne peut pas m’aider car « il faudrait plutôt voir avec un commercial ». Hum. Je rappelle, je réexplique patiemment l’histoire à la secrétaire, qui veut me repasser l’assistante marketing, mais cette fois-ci je dis non, vraiment, il me faut un commercial. Bon, ça n’a pas l’air de lui plaire, mais après moult insistance j’obtiens le nom du commercial, mais il faut d’abord passer par son assistante. Qu’à cela ne tienne, j’appelle l’assistante, qui me dit « non, monsieur Popov est sorti, rappelez demain ». Je rappelle le Popov le lendemain, mais cette fois-ci il était parti déjeuner mais de toute façon « il part en komandirovka (voyage d’affaire) ce soir, donc rappelez plutôt la semaine prochaine Lorsque enfin, la semaine suivante j’arrive à parler à monsieur Popov, il me dit « mmm, je n’ai pas le temps de vous recevoir, là, trop de travail, rappelez le mois prochain ». Bon, ben c’est pas gagné…
Le chocolat
Autre variante : les trucs au chocolat. « Oui, bonjour, je m’appelle Natacha, nin nin nin, étude de marché, nin nin nin, je peux parler à un commercial ? », réponse cinglante de la standardiste « Non, mais mademoiselle, on ne va pas vous recevoir, on ne fait pas ce genre de chose » « Mais je… » Bip, bip… Jolie raccorchage à la figure. Mais, ha ha ! Vous me connaissez, les amis, quand on me ferme la porte, je fais tout pour rentrer par la fenêtre… Et sur ce coup j’ai été bien maligne. La boîte étant d’origine suisse (genre grosse boîte que tout le monde connaît), je suppute que le patron est francophone. Petite recherche, et bing, merci Yandex (car les russophones snobent Google, ici c’est Yandex les rois du pétrole), je récupère l’adresse mail du big boss. Je lui rédige une demande très polie, mettant en avant que je suis une jeune étudiante toute seule à Kiev (de Sciences Po, bien sûr), et que j’aurais besoin d’un tout petit peu d’aide, une demi-heure pas plus, et vraiment votre aide me serait très précieuse… Bingo ! Quelques jours plus tard, réponse de la secrétaire du big boss qui me donne le numéro de portable du chef commercial qui s’occupe pile de ce qui m’intéresse et qui est « au courant ». Résultat, ce même commercial m’a très gentiment donné absolument toutes les informations que je voulais, ainsi que les numéros de téléphones de tous les contacts que je lui réclamais… Cette technique du mail suppliant au big boss francophone est résolument la bonne, car elle a aussi très bien marché pour rencontrer les fromages (s’en est d’ailleurs suivie une rencontre primordiale dans ce séjour, que je vous conterai demain).
Les supermarchés Gudule
Enfin, il y a eu les supermarchés Gudule, qui doivent ouvrir une chaîne de magasins l’an prochain. J’avais à ma disposition deux numéros (merci le chocolat !) : le standard et le directeur commercial, il me fallait celui de l’acheteur. Qu’à cela ne tienne, je commence par le standard. On me passe alors une dame qui m’explique qu’en fait il n’y a pas pour le moment d’acheteur en Ukraine, vous comprenez la chaîne n’ouvre que l’an prochain, et c’est au siège, en Allemagne, que tout se décide. Donc, non, désolée, mais il n’y a personne qui pourrait vous aider en Ukraine. Et là, c’est le drame, parce qu’il fallait vraiment que le les rencontre, ces gens de chez Gudule. Me vient alors l’idée de retenter ma chance auprès de mon second contact, le directeur commercial et là, rebingo ! « Mais bien sûr, voici le numéro de l’acheteur, il est là cette semaine, vous pouvez le rencontrer sans problème »… Ce que j’ai fait dès le lendemain.
Morale de l’histoire
On peut toujours obtenir ce qu’on veut ici, mais il faut insister, rappeler, réexpliquer, et ne pas hésiter à demander la même chose à différents niveaux de la hiérarchie. C’est vraiment un boulot pour emmerdeur professionnel… C’est sans doute pour ça qu’il me va si bien !
C’est tout pour aujourd’hui, les enfants, mais demain, je vous raconterai comment je me suis forgée une vie sociale...
vendredi 20 juillet 2007
Arrivée à Kiev
Impressions générales
Ca y est, je me sens en terrain connu ici. Des blondes, des paillettes, du cyrillique, des messieurs qui crachent par terre et d’énormes panneaux publicitaires pour des crédits bancaires…enfin ! Je retrouve des repères que j’avais développés à Moscou, je sais comment m’adresser aux gens, comment m’orienter dans le métro, qui a les mêmes escaliers interminables qui donnent l’impression de descendre à la mine… Même les alarmes de voiture qui se déclenchent à tout bout de champs font les mêmes « yuion-yuion –bvvvvvvvv » qu’à Moscou… Dans ces conditions, difficile de me souvenir que je suis dans un autre pays. Ca a notamment été assez bizarre de constater que tout ici est écrit en ukrainien… Dans l’ensemble je peux deviner ce que disent les écriteaux, mais la langue est toute de même différente. Et puis dans le métro, qui est tellement similaire au moscovite, ça m’a fait un drôle d’effet d’entendre la sempiternelle annonce « Ostorojno, dveri zakrivaiutsja, sleduiushaia stantsia… » (Attention, les portes se referment, prochaine station…), répétée à chaque arrêt du train, en ukrainien ! Ca ressemble, mais c’est pas tout à fait pareil. De telles remarques peuvent paraître très stupides de l’extérieur, j’en suis bien consciente, mais vu d’ici, je vous assure que c’est ce qu’on ressent en premier quand on est habitué à Moscou et qu’on découvre Kiev.
L’habitat
J’ai trouvé où me loger très facilement, heureusement, je vis dans un trois pièces très soviétique, avec tentures à fleurs, balcon en bois et parties communes d’immeubles glauques, près du centre et pour par grand chose comme loyer. Tout ça pour moi toute seule, ce qui est un avantage considérable, pour moi qui aime m’étaler dans mon bordel d’une part, et d’autre part qui ai des réactions parfois sauvages lors mes expériences de vie commune. Ma propriétaire, Raïssa Mikhailovna, qui est la grand-mère de ma copine Olga (elles s’appellent toutes pareil les demoiselles, tout comme en Russie), est haute en couleur. Assez rude, elle passe une heure à m’expliquer comment nettoyer la baignoire, où se trouvent les casseroles et surtout qu’il ne faut jamais oublier de refermer les fenêtres. S’en suit alors un cours d’ouverture et de fermeture des trois portes ( !) et des cinq serrures de l’appartement… Cette paranoïa est assez caractéristique des grandes villes soviétiques, qui ont vécu des vagues de cambriolages à répétition durant les années 90.
La délinquante à la bouteille
D’ailleurs, j’en ai fait moi-même les frais le deuxième jour de mon arrivée, où j’ai failli atterrir au poste pour une histoire de bouteille de Sprite… La chaleur étant ici infernale, je m’achète une bouteille de Sprite dans un kiosque avant d’entrer dans un petit supermarché faire mes courses. Au moment de payer, la suspicieuse et imposante caissière remarque ladite bouteille et me demande d’un air inquisiteur : « d’où est ce qu’elle sort, cette bouteille » « heu rpondis-je dans mon russe rendu hésitant par l’accusation sous-jacente, dans un kiosque, là bas ». Elle se saisit de la bouteille et gromelle « hum… elle est encore froide, comme si elle sorait juste du frigo…Vera ! Viens voir ! ». Et la surgit de derrière une deuxième caissière tout aussi imposante et inquisitrice qui me demande les mêmes explications, alors que le barbu qui faisait la queue derrière moi me défend « Voyons, elle ne mentirait pas pour quelques kopeks ». Vera me fait alors remarquer que si effectivement j’étais bien entré avec la bouteille dans le magasin, alors j’aurais dû le signaler à l’entrée, que ce n’était pas normal, et elle appelle un magasinier, qui se saisit de ma bouteille pour aller vérifier dans les stocks si elle provient du magasin. Il revient 5 minutes plus tard, me rend ma malheureuse bouteille et signale à Vera que non, je ne l’avais pas volé. En guise d’excuse, Vera me marmonne « bon ben la prochaine fois vous le direz à l’entrée, hein, mmmblmlmml… ». Pas de doute, on est bien en terre ex-soviétique…
Ca y est, je me sens en terrain connu ici. Des blondes, des paillettes, du cyrillique, des messieurs qui crachent par terre et d’énormes panneaux publicitaires pour des crédits bancaires…enfin ! Je retrouve des repères que j’avais développés à Moscou, je sais comment m’adresser aux gens, comment m’orienter dans le métro, qui a les mêmes escaliers interminables qui donnent l’impression de descendre à la mine… Même les alarmes de voiture qui se déclenchent à tout bout de champs font les mêmes « yuion-yuion –bvvvvvvvv » qu’à Moscou… Dans ces conditions, difficile de me souvenir que je suis dans un autre pays. Ca a notamment été assez bizarre de constater que tout ici est écrit en ukrainien… Dans l’ensemble je peux deviner ce que disent les écriteaux, mais la langue est toute de même différente. Et puis dans le métro, qui est tellement similaire au moscovite, ça m’a fait un drôle d’effet d’entendre la sempiternelle annonce « Ostorojno, dveri zakrivaiutsja, sleduiushaia stantsia… » (Attention, les portes se referment, prochaine station…), répétée à chaque arrêt du train, en ukrainien ! Ca ressemble, mais c’est pas tout à fait pareil. De telles remarques peuvent paraître très stupides de l’extérieur, j’en suis bien consciente, mais vu d’ici, je vous assure que c’est ce qu’on ressent en premier quand on est habitué à Moscou et qu’on découvre Kiev.
L’habitat
J’ai trouvé où me loger très facilement, heureusement, je vis dans un trois pièces très soviétique, avec tentures à fleurs, balcon en bois et parties communes d’immeubles glauques, près du centre et pour par grand chose comme loyer. Tout ça pour moi toute seule, ce qui est un avantage considérable, pour moi qui aime m’étaler dans mon bordel d’une part, et d’autre part qui ai des réactions parfois sauvages lors mes expériences de vie commune. Ma propriétaire, Raïssa Mikhailovna, qui est la grand-mère de ma copine Olga (elles s’appellent toutes pareil les demoiselles, tout comme en Russie), est haute en couleur. Assez rude, elle passe une heure à m’expliquer comment nettoyer la baignoire, où se trouvent les casseroles et surtout qu’il ne faut jamais oublier de refermer les fenêtres. S’en suit alors un cours d’ouverture et de fermeture des trois portes ( !) et des cinq serrures de l’appartement… Cette paranoïa est assez caractéristique des grandes villes soviétiques, qui ont vécu des vagues de cambriolages à répétition durant les années 90.
La délinquante à la bouteille
D’ailleurs, j’en ai fait moi-même les frais le deuxième jour de mon arrivée, où j’ai failli atterrir au poste pour une histoire de bouteille de Sprite… La chaleur étant ici infernale, je m’achète une bouteille de Sprite dans un kiosque avant d’entrer dans un petit supermarché faire mes courses. Au moment de payer, la suspicieuse et imposante caissière remarque ladite bouteille et me demande d’un air inquisiteur : « d’où est ce qu’elle sort, cette bouteille » « heu rpondis-je dans mon russe rendu hésitant par l’accusation sous-jacente, dans un kiosque, là bas ». Elle se saisit de la bouteille et gromelle « hum… elle est encore froide, comme si elle sorait juste du frigo…Vera ! Viens voir ! ». Et la surgit de derrière une deuxième caissière tout aussi imposante et inquisitrice qui me demande les mêmes explications, alors que le barbu qui faisait la queue derrière moi me défend « Voyons, elle ne mentirait pas pour quelques kopeks ». Vera me fait alors remarquer que si effectivement j’étais bien entré avec la bouteille dans le magasin, alors j’aurais dû le signaler à l’entrée, que ce n’était pas normal, et elle appelle un magasinier, qui se saisit de ma bouteille pour aller vérifier dans les stocks si elle provient du magasin. Il revient 5 minutes plus tard, me rend ma malheureuse bouteille et signale à Vera que non, je ne l’avais pas volé. En guise d’excuse, Vera me marmonne « bon ben la prochaine fois vous le direz à l’entrée, hein, mmmblmlmml… ». Pas de doute, on est bien en terre ex-soviétique…
mercredi 18 juillet 2007
L’épopée
Je ne vous ferai pas plus languir, les enfants, vous qui, je le sais, dépérissez sans votre dose de blog. A l’heure qu’il est, coincée dans mon café avec un WiFi qui ne marche pas, plus de sous ni de réseau sur mon téléphone pour envoyer une vanne à un tout jeune diplômé et de surcroît rendue mollassonne par les 36 degrés à l’ombre qui sévissent dans la capitale Orange, je trouve le moment idéal pour poursuivre le récit de mon voyage.
Un couple Arlequin
Me voilà donc tant bien que mal installé sur mon demi-siège, dans le petit bus brinqueballant qui me mène à Varsovie. Heureusement, le temps est passé vite car s’en est suivi une discussion animée et rieuse, toujours en globish, avec le petit couple qui se partageait le siège et demi restant. De drôles de cocos, ces deux-là, leur histoire est digne d’un roman Arlequin. Le monsieur est mexicain, la demoiselle polonaise, ils se sont rencontrés sur internet. Lui a quitté mère, père et boulot pour venir la rejoindre à Lodz, ils prévoient de se marier et d’aller s’installer en Italie, où la jeune fille (de mon âge) avait fait ses études… En les écoutant me raconter avec les yeux qui brillent leur première rencontre à l’aéroport, je me suis dit que certes, ils vivent encore la période d’état de grâce des couples qui se sont désirés longtemps sur MSN avant de se voir en chair et en os, que le fossé culturel, la confrontation avec la vie quotidienne ou tout simplement la « descente » qui suit la période euphorique du début de relation a de grande chance de les faire déchanter très vite, et que le retour à la réalité risque de faire mal. N’empêche, ils en ont de la chance, ces deux bougres. Ils auront au moins ça à raconter à leurs petits-enfants, l’hébétude de la famille mexicaine lorsque le jeune homme les a avisés que non, il ne partirait pas finir ses études au Canada mais à Lodz, en Pologne, et leur stupeur lorsqu’il leur a annoncé au bout de deux semaines que non seulement il ne rentrait pas mais qu’il allait se marier et vivre à Milan…
Étals à poisson et vicissitudes de la langue slave
Une fois arrivée à Varsovie, je souhaite bonne chance à mon petit couple Arlequin et j’aborde une longue et hostile journée. Mon rendez-vous professionnel, le premier, le vrai, tout en russe, se passe plutôt pas mal. Pas de patrons a qui je montre sans le vouloir mes dessous, mais une dame polyglotte, très pédagogue, presque maternelle, qui me dit de bien faire attention avant de partir à Kiev, que là bas c’est pas comme en France (sans blague ?). N’empêche, je me rends compte que j’aurais dû mieux préparer mon entretien, parce que j’ai eu l’air un peu bête lorsque j’ai pataugé dès la première question « quelle est l’activité de votre entreprise » à chercher désespérément des périphrases pour les mots « inox », « équipement », « étal à poisson » dans la langue de Pouchkine…
Je passe le reste de la journée à promener mon cul sur les remparts de cette drôle de ville, au centre-ville flambant neuf, très moderne, mais avec quand même des troupeaux d’unijambistes qui mendient dans les gares.
L’étrange affaire du barbu sur le quai
Il s’est passé un drôle de phénomène sur le quai de la gare de Varsovie, au moment de l’arrivée du train de nuit pour Kiev, un événement assez inexplicable. Un jeune barbu qui me dévisageait depuis une ou deux minutes s’approche de moi et me dit (en français) : « T’es française, non ? Tu étais à Moscou l’an dernier ? »… Là, pour le coup, je n’en suis pas revenue. Évidemment, son visage ne me disait rien du tout, mais après une discussion d’une demi-heure dans mon compartiment, je me souviens effectivement d’un Suédois (car s’en est un !) francophone croisé à une soirée une fois à Moscou, en avril ou mai de l’an dernier, avec qui je n’avais pas échangé plus de deux mots, mais qui m’avait paru particulièrement branleur. Et il m’avait reconnue, malgré mes cheveux courts, mon tailleur, et le changement radical de contexte (car je n’ai pas tout à fait la même tête éméchée à une soirée moscovite et exténuée après une journée de voyage à Varsovie, le tout à un an d’intervalle…). Après cette rencontre, je ne l’ai pas revu. Et je pense tout de même que, parfois, il y a des trucs chelou qui se passent.
Olga la brune
Comme vous le constatez, ce voyage a été riche en rencontres. La dernière a été Olga, ma compagnonne de voyage dans le train. Elle revenait d’un séjour en Pologne, pour, m’explique-t-elle, voir son ami, un homme d’affaire anglais de vingt ans son aîné, qui est très gentil parce qu’il lui offre des cadeaux mais qu’elle songe à quitter car il n’a probablement pas de projets de mariage. En fait, du haut de sa trentaine bien proportionnée, cette belle brune me raconte que depuis quelques années, elle se cherche activement un mari sur internet, de préférence anglais, ils sont plus calmes. « Les Ukrainiens sont des saoûlards sans le sou qui finissent toujours par de frapper. Je ne veux pas de cette vie-là ». Elle vient d’un petit bled du sud-est de l’Ukraine, enseigne l’anglais pour des clopinettes et s’est acheté un appartement avec les économies faits sur les cadeaux de ses généreux amis. En parlant avec elle, je me rends compte que toutes ces annonces matrimoniales Google, qui vous propose d’épouser une belle Ukrainienne dès que vous tapez « pays de l’est » dans le moteur de recherche, cachent aussi cette réalité. Je l’ai d’autant plus senti lorsque, me questionnant sur la France comme le faisait aussi Ania, elle conclut que finalement j’ai bien de la chance de pouvoir choisir mon homme « iz-za liubvi, a nie iz-za doxoda » (par amour, et non pas en fonction de ce qu’il gagne ---là dessus moi je dis, les deux, c’est mieux, hein Rémi… ☺ ). Je n’avais jamais considéré les choses sous cet angle, mais maintenant qu’elle le dit, je me demande ce que j’aurai fait de ma vie si j’étais moi aussi issue d’un bled isolé, pauvre, avec des hommes qui boivent et des conditions de vie pourries. Cette rencontre marquante est une belle entrée en matière, une introduction poignante pour ce séjour ukrainien que j’attaque…
Un couple Arlequin
Me voilà donc tant bien que mal installé sur mon demi-siège, dans le petit bus brinqueballant qui me mène à Varsovie. Heureusement, le temps est passé vite car s’en est suivi une discussion animée et rieuse, toujours en globish, avec le petit couple qui se partageait le siège et demi restant. De drôles de cocos, ces deux-là, leur histoire est digne d’un roman Arlequin. Le monsieur est mexicain, la demoiselle polonaise, ils se sont rencontrés sur internet. Lui a quitté mère, père et boulot pour venir la rejoindre à Lodz, ils prévoient de se marier et d’aller s’installer en Italie, où la jeune fille (de mon âge) avait fait ses études… En les écoutant me raconter avec les yeux qui brillent leur première rencontre à l’aéroport, je me suis dit que certes, ils vivent encore la période d’état de grâce des couples qui se sont désirés longtemps sur MSN avant de se voir en chair et en os, que le fossé culturel, la confrontation avec la vie quotidienne ou tout simplement la « descente » qui suit la période euphorique du début de relation a de grande chance de les faire déchanter très vite, et que le retour à la réalité risque de faire mal. N’empêche, ils en ont de la chance, ces deux bougres. Ils auront au moins ça à raconter à leurs petits-enfants, l’hébétude de la famille mexicaine lorsque le jeune homme les a avisés que non, il ne partirait pas finir ses études au Canada mais à Lodz, en Pologne, et leur stupeur lorsqu’il leur a annoncé au bout de deux semaines que non seulement il ne rentrait pas mais qu’il allait se marier et vivre à Milan…
Étals à poisson et vicissitudes de la langue slave
Une fois arrivée à Varsovie, je souhaite bonne chance à mon petit couple Arlequin et j’aborde une longue et hostile journée. Mon rendez-vous professionnel, le premier, le vrai, tout en russe, se passe plutôt pas mal. Pas de patrons a qui je montre sans le vouloir mes dessous, mais une dame polyglotte, très pédagogue, presque maternelle, qui me dit de bien faire attention avant de partir à Kiev, que là bas c’est pas comme en France (sans blague ?). N’empêche, je me rends compte que j’aurais dû mieux préparer mon entretien, parce que j’ai eu l’air un peu bête lorsque j’ai pataugé dès la première question « quelle est l’activité de votre entreprise » à chercher désespérément des périphrases pour les mots « inox », « équipement », « étal à poisson » dans la langue de Pouchkine…
Je passe le reste de la journée à promener mon cul sur les remparts de cette drôle de ville, au centre-ville flambant neuf, très moderne, mais avec quand même des troupeaux d’unijambistes qui mendient dans les gares.
L’étrange affaire du barbu sur le quai
Il s’est passé un drôle de phénomène sur le quai de la gare de Varsovie, au moment de l’arrivée du train de nuit pour Kiev, un événement assez inexplicable. Un jeune barbu qui me dévisageait depuis une ou deux minutes s’approche de moi et me dit (en français) : « T’es française, non ? Tu étais à Moscou l’an dernier ? »… Là, pour le coup, je n’en suis pas revenue. Évidemment, son visage ne me disait rien du tout, mais après une discussion d’une demi-heure dans mon compartiment, je me souviens effectivement d’un Suédois (car s’en est un !) francophone croisé à une soirée une fois à Moscou, en avril ou mai de l’an dernier, avec qui je n’avais pas échangé plus de deux mots, mais qui m’avait paru particulièrement branleur. Et il m’avait reconnue, malgré mes cheveux courts, mon tailleur, et le changement radical de contexte (car je n’ai pas tout à fait la même tête éméchée à une soirée moscovite et exténuée après une journée de voyage à Varsovie, le tout à un an d’intervalle…). Après cette rencontre, je ne l’ai pas revu. Et je pense tout de même que, parfois, il y a des trucs chelou qui se passent.
Olga la brune
Comme vous le constatez, ce voyage a été riche en rencontres. La dernière a été Olga, ma compagnonne de voyage dans le train. Elle revenait d’un séjour en Pologne, pour, m’explique-t-elle, voir son ami, un homme d’affaire anglais de vingt ans son aîné, qui est très gentil parce qu’il lui offre des cadeaux mais qu’elle songe à quitter car il n’a probablement pas de projets de mariage. En fait, du haut de sa trentaine bien proportionnée, cette belle brune me raconte que depuis quelques années, elle se cherche activement un mari sur internet, de préférence anglais, ils sont plus calmes. « Les Ukrainiens sont des saoûlards sans le sou qui finissent toujours par de frapper. Je ne veux pas de cette vie-là ». Elle vient d’un petit bled du sud-est de l’Ukraine, enseigne l’anglais pour des clopinettes et s’est acheté un appartement avec les économies faits sur les cadeaux de ses généreux amis. En parlant avec elle, je me rends compte que toutes ces annonces matrimoniales Google, qui vous propose d’épouser une belle Ukrainienne dès que vous tapez « pays de l’est » dans le moteur de recherche, cachent aussi cette réalité. Je l’ai d’autant plus senti lorsque, me questionnant sur la France comme le faisait aussi Ania, elle conclut que finalement j’ai bien de la chance de pouvoir choisir mon homme « iz-za liubvi, a nie iz-za doxoda » (par amour, et non pas en fonction de ce qu’il gagne ---là dessus moi je dis, les deux, c’est mieux, hein Rémi… ☺ ). Je n’avais jamais considéré les choses sous cet angle, mais maintenant qu’elle le dit, je me demande ce que j’aurai fait de ma vie si j’étais moi aussi issue d’un bled isolé, pauvre, avec des hommes qui boivent et des conditions de vie pourries. Cette rencontre marquante est une belle entrée en matière, une introduction poignante pour ce séjour ukrainien que j’attaque…
lundi 16 juillet 2007
Lodz, suite et fin
Ca en fait du temps que vous vous impatientez de savoir quelle a été la suite des aléas de mon séjour complètement oriental… Ne vous en faites pas, j’ai des valises entières d’impressions, de souvenirs et d’anecdotes à vous relater. Un petit point d’abord : il y a eu déplacement géographique depuis la dernière fois, je suis maintenant à Kiev, prête cette fois-ci à m’enraciner un peu plus qu’en Pologne. Je suis arrivée vendredi dernier, par le train de nuit après 18 heures de voyage depuis Varsovie, mais commençons par le commencement : je vous ai abandonnés à Lodz, je vous reprends à Lodz.
Considérations générales sur le charme de la ville et sur l’étrangeté de consonance du polonais
De Lodz, je ne retiendrai pas grand-chose de plus que ce que j’ai évoqué la dernière fois : une ville sans charme proprement historique, mais dans laquelle une certaine atmosphère plutôt agréable naît des très nombreuses anciennes fabriques en briques rouges, parfois désaffectées, parfois remises à neuf, qui truffent le centre-ville. Le polonais est une langue bizarre, qui ressemble pas mal au russe mais qui en est suffisamment éloignée pour que je me sente totalement perdue. Même leur monnaie à un nom qui me semble sorti d’un roman de science-fiction : le zlotys. Ca fait très futuriste, on imagine la monnaie utilisée par le peuple Zgorbuk sur la planète Y237…
Ania l’intrépide
Je me souviendrai bien plus d’Ania, jeune collègue polonaise de ma boîte qui m’a prise sous son aile. On communiquait dans ce globish florissant de fautes que j’ai déjà évoqué la dernière fois, qui était toutefois plus élaboré que celui parlé avec le jeune théologue de l’avion. Ania est une jeune femme dans le vent, avec qui j’ai fait du shopping, papoté garçons et droit à l’avortement en sirotant un chocolat et braillé « Independant Woman » des Destiny’s Child quand la chanson passait à la radio de sa voiture. C’est ma première copine de ce séjour, j’en garderai donc un souvenir ému. Celui que j’affectionne particulièrement a trait à mon départ de Lodz, je vous le raconte dans un instant, mais comme j’essaye de conserver une certaine chronologie, je vais d’abord vous parler des garçons polonais dans les ateliers.
Mieux que les plombiers : les soudeurs polonais !
J’aurais voulu faire quelques shoots de ces jolis prolétaires en bleus de travail qui oeuvraient dans l’atelier de ma boîte, que j’aurais publiés avec une légende les comparant aux fameux plombiers polonais qui ont tant fait fantasmer les foules. Pour aller déjeuner, il fallait traverser l’atelier, et ça ne ratait pas, ils arrêtaient toujours leur machine à souder pour nous regarder passer, Ania et moi, se retournant aussi peu discrètement que possible. Ania était agacée, moi je trouvais ça marrant, de voir ces nounours musclés aux mains rudes nous balancer des œillades un peu grossières.
Où il est question de zèle et de bouton…
Sinon, j’ai aussi eu mon premier rendez-vous professionnel, on va dire un prélude, car celui-là comptait pour de faux. J’ai juste accompagné mon chef polonais chez un pote à lui, français, qui avait ouvert sa boîte en Ukraine, pour qu’il me donne quelques contacts. Le seul élément marrant de cette histoire est mon zèle à paraître la plus impliquée possible, posant plein de questions pour que mon chef se dise que je suis la bonne personne pour ce stage, et ce tout en luttant discrètement contre le bouton de ma chemise situé juste au niveau de mon soutien-gorge qui par trois fois s’est dégrafé, parfois sans que je m’en aperçoive, laissant tout le loisir de ma lingerie à mes interlocuteurs… J’ai fini par trouver moi-même la scène cocasse, et je me suis un peu détendue.
Le départ
Le jour de mon départ de Lodz a été dur. Lever 6h, transport de mes 20 kilos de bagages (une véritable tonne pour mon petit corps faible, imaginez-vous) jusqu’au parking où m’attendait Ania, puis petit-déj assises sur un banc devant la gare, pas bien longtemps d’ailleurs puisque nous nous sommes fait chasser par un clodo (pas unijambiste, celui-là, mais il aurait pu !) qui puait la pisse. Je rappelle qu’il était environ 7 heures... Puis nous apprenons que l’autobus de 8h pour Varsovie est plein, qu’il va falloir prendre le suivant, à 10h, ce qui est impossible car j’ai un rendez-vous (un vrai celui-là, en russe de surcroît) à Varsovie à 12h. Prendre un train est un peu difficile, la solution est donc de négocier avec le chauffeur du bus de 8h dès qu’il arrive. Ah, mes amis, il fallait la voir, la Ania, se jeter sur le chauffeur à peine les portes du bus ouvertes, et l’assommer d’une litanie en polonais, me désignant et prenant un ton mi-stressé mi-suppliant. Selon un témoignage que je vous détaillerai plus tard, tout le bus était au courant que j’étais une pauvre petite française perdue en Pologne qui devait en urgence se rendre à Varsovie, à croire que ma vie en dépendait… Son insistance a été plutôt fructueuse, et je suis finalement montée dans le bus pourtant déjà plein, et j’ai partagé un siège avec celui d’un jeune couple. Et, avec mon cul posé sur ce demi siège, j’étais plutôt bien lotie parce que le chauffeur a fait monter bien trois ou quatre autres personnes, qui ont fait tout le trajet debout.
Je vois que pour cette première partie, j’ai déjà beaucoup écrit, et comme je ne veux pas vous assommer de texte, je vais donc vous faire patienter un peu avant de publier la suite de mon séjour mouvementé. A suivre donc, les aventures de Natacha de Lodz à Kiev. Qu’on se le dise !
PS : en relisant les commentaires de mon dernier billet (continuez, surtout, j’adore les commentaires !) je ne puis m’empêcher de relater les paroles de Tomek, chef de la production de ma boîte à l’anglais approximatif, mais très déterminé dans ses paroles : « When you see many many workers, but (prononcez « bat ») few machines, no good, it is manual work, but where there is many big machines and few few workers, ho-hooo, interesting (roulez le « r ») they must make big money. ». Cette philosophie de la rentabilité dans l’atelier m’a fait bien marrer : des grosses machines, le moins d’ouvriers possible, car ces couillons coûtent cher, se mettent en grève et en plus, comme ce ne sont pas des machines, ce qui veut dire que leur boulot n’est pas parfait. Alors, mes chers défenseurs des prolétaires qui lisez ce blog, laissez donc la tombe de Makhno tranquille et venez plutôt faire la révolution dans les ateliers polonais, venez protéger la valeur travail, l’intelligence de la main contrainte de céder du terrain devant ces monstres les machines, symboles inhumain d’un capitalisme robotisé… Qui donc me parlait de faire un argumentaire sur l’échec du capitalisme en Pologne ?
Considérations générales sur le charme de la ville et sur l’étrangeté de consonance du polonais
De Lodz, je ne retiendrai pas grand-chose de plus que ce que j’ai évoqué la dernière fois : une ville sans charme proprement historique, mais dans laquelle une certaine atmosphère plutôt agréable naît des très nombreuses anciennes fabriques en briques rouges, parfois désaffectées, parfois remises à neuf, qui truffent le centre-ville. Le polonais est une langue bizarre, qui ressemble pas mal au russe mais qui en est suffisamment éloignée pour que je me sente totalement perdue. Même leur monnaie à un nom qui me semble sorti d’un roman de science-fiction : le zlotys. Ca fait très futuriste, on imagine la monnaie utilisée par le peuple Zgorbuk sur la planète Y237…
Ania l’intrépide
Je me souviendrai bien plus d’Ania, jeune collègue polonaise de ma boîte qui m’a prise sous son aile. On communiquait dans ce globish florissant de fautes que j’ai déjà évoqué la dernière fois, qui était toutefois plus élaboré que celui parlé avec le jeune théologue de l’avion. Ania est une jeune femme dans le vent, avec qui j’ai fait du shopping, papoté garçons et droit à l’avortement en sirotant un chocolat et braillé « Independant Woman » des Destiny’s Child quand la chanson passait à la radio de sa voiture. C’est ma première copine de ce séjour, j’en garderai donc un souvenir ému. Celui que j’affectionne particulièrement a trait à mon départ de Lodz, je vous le raconte dans un instant, mais comme j’essaye de conserver une certaine chronologie, je vais d’abord vous parler des garçons polonais dans les ateliers.
Mieux que les plombiers : les soudeurs polonais !
J’aurais voulu faire quelques shoots de ces jolis prolétaires en bleus de travail qui oeuvraient dans l’atelier de ma boîte, que j’aurais publiés avec une légende les comparant aux fameux plombiers polonais qui ont tant fait fantasmer les foules. Pour aller déjeuner, il fallait traverser l’atelier, et ça ne ratait pas, ils arrêtaient toujours leur machine à souder pour nous regarder passer, Ania et moi, se retournant aussi peu discrètement que possible. Ania était agacée, moi je trouvais ça marrant, de voir ces nounours musclés aux mains rudes nous balancer des œillades un peu grossières.
Où il est question de zèle et de bouton…
Sinon, j’ai aussi eu mon premier rendez-vous professionnel, on va dire un prélude, car celui-là comptait pour de faux. J’ai juste accompagné mon chef polonais chez un pote à lui, français, qui avait ouvert sa boîte en Ukraine, pour qu’il me donne quelques contacts. Le seul élément marrant de cette histoire est mon zèle à paraître la plus impliquée possible, posant plein de questions pour que mon chef se dise que je suis la bonne personne pour ce stage, et ce tout en luttant discrètement contre le bouton de ma chemise situé juste au niveau de mon soutien-gorge qui par trois fois s’est dégrafé, parfois sans que je m’en aperçoive, laissant tout le loisir de ma lingerie à mes interlocuteurs… J’ai fini par trouver moi-même la scène cocasse, et je me suis un peu détendue.
Le départ
Le jour de mon départ de Lodz a été dur. Lever 6h, transport de mes 20 kilos de bagages (une véritable tonne pour mon petit corps faible, imaginez-vous) jusqu’au parking où m’attendait Ania, puis petit-déj assises sur un banc devant la gare, pas bien longtemps d’ailleurs puisque nous nous sommes fait chasser par un clodo (pas unijambiste, celui-là, mais il aurait pu !) qui puait la pisse. Je rappelle qu’il était environ 7 heures... Puis nous apprenons que l’autobus de 8h pour Varsovie est plein, qu’il va falloir prendre le suivant, à 10h, ce qui est impossible car j’ai un rendez-vous (un vrai celui-là, en russe de surcroît) à Varsovie à 12h. Prendre un train est un peu difficile, la solution est donc de négocier avec le chauffeur du bus de 8h dès qu’il arrive. Ah, mes amis, il fallait la voir, la Ania, se jeter sur le chauffeur à peine les portes du bus ouvertes, et l’assommer d’une litanie en polonais, me désignant et prenant un ton mi-stressé mi-suppliant. Selon un témoignage que je vous détaillerai plus tard, tout le bus était au courant que j’étais une pauvre petite française perdue en Pologne qui devait en urgence se rendre à Varsovie, à croire que ma vie en dépendait… Son insistance a été plutôt fructueuse, et je suis finalement montée dans le bus pourtant déjà plein, et j’ai partagé un siège avec celui d’un jeune couple. Et, avec mon cul posé sur ce demi siège, j’étais plutôt bien lotie parce que le chauffeur a fait monter bien trois ou quatre autres personnes, qui ont fait tout le trajet debout.
Je vois que pour cette première partie, j’ai déjà beaucoup écrit, et comme je ne veux pas vous assommer de texte, je vais donc vous faire patienter un peu avant de publier la suite de mon séjour mouvementé. A suivre donc, les aventures de Natacha de Lodz à Kiev. Qu’on se le dise !
PS : en relisant les commentaires de mon dernier billet (continuez, surtout, j’adore les commentaires !) je ne puis m’empêcher de relater les paroles de Tomek, chef de la production de ma boîte à l’anglais approximatif, mais très déterminé dans ses paroles : « When you see many many workers, but (prononcez « bat ») few machines, no good, it is manual work, but where there is many big machines and few few workers, ho-hooo, interesting (roulez le « r ») they must make big money. ». Cette philosophie de la rentabilité dans l’atelier m’a fait bien marrer : des grosses machines, le moins d’ouvriers possible, car ces couillons coûtent cher, se mettent en grève et en plus, comme ce ne sont pas des machines, ce qui veut dire que leur boulot n’est pas parfait. Alors, mes chers défenseurs des prolétaires qui lisez ce blog, laissez donc la tombe de Makhno tranquille et venez plutôt faire la révolution dans les ateliers polonais, venez protéger la valeur travail, l’intelligence de la main contrainte de céder du terrain devant ces monstres les machines, symboles inhumain d’un capitalisme robotisé… Qui donc me parlait de faire un argumentaire sur l’échec du capitalisme en Pologne ?
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