dimanche 23 septembre 2007

Rencontres impromptues et insolites

Papillotes et compagnie

Allant chercher mon chef à l’aéroport, je fais cette expérience un peu troublante : apparaît dans le hall de Borispol un véritable déferlement de papillotes, des barbes en rafales et des volants noirs qui virevoltent : une invasion de rabbins ! Incroyable, des jeunes, des vieux, des roux, des bruns, des blonds, des dégarnis, des pré-ados à duvet, même des enfants. Tous la même robe noire et les bouclettes de chaque côté de la tête. Comment transmettre l’incongruité de cette image ? Voir les gras chauffeurs de taxi, dans leurs vestes en jean, lancer des regards hébétés à ces hébraïques ecclésiastiques venus d’un autre temps, c’était tellement cocasse… Aucun d’entre eux n’osait leur proposer leur service. Les rabbins eux-mêmes semblaient un peu dépassés par les événements, mais ils avaient l’avantage du nombre. J’ai su ensuite par Scratchy l’expatrié toujours au courant de ce qui se passe, qu’effectivement, une fois par an un ou deux avions étaient spécialement affrétés des Etats-Unis pour emmener des véritables colos de rabbins en pèlerinage sur la tombe d’un juif, quelque part dans un petit coin perdu d’Ukraine.

Brève

En longeant un grand boulevard bordé d’un petit bois, j’ai croisé une vache…

« Boule de Suif »

Sortant d’un rendez-vous un peu excentré par une belle matinée de juillet, je décide, fringante et guillerette, de couper par un petit bois pour essayer d’atteindre l’avenue qui mène à mon appartement. Plus j’avançais dans ce bois, moins il me paraissait recommandable, mais je décide de combattre cette impression donnée par les déchets qui jonchent le sol et quelques individus patibulaires qui me regardent du coin de l’œil. J’avance alors sur un vague chemin et j’entends brusquement une voix féminine qui m’appelle « Mademoiselle, mademoiselle » (ou plutôt, si je veux rester littérale, « femme, femme ! »). J’aperçois alors une grosse femme, type « Boule de Suif », assise dans l’herbe, mangeant une boîte de thon. Elle était en soutien-gorge et son maquillage coulait. J’étais à quelques mètres, je ne pouvais pas l’ignorer, surtout qu’elle avait l’air de m’appeler à l’aide, alors je m’approche. Elle me demande de l’aider à se lever et commence à m’expliquer d’une voix confuse qu’elle était venue se reposer avec une amie mais que l’amie est partie, et qu’elle n’arrivait pas à se relever seule. Je me suis alors trouvée devant un vrai dilemme : devais-je fuir cette espèce de folle en soutien-gorge qui avait manifestement besoin de parler (je me suis aperçue un peu après qu’elle devait être aussi à 4 grammes), ou rester et prêter une oreille attentive à ses jérémiades ? Mais comment l’aider, sans exagérer elle devait faire deux fois et demi mon poids ?.. Bon, je ne sais pas si c’est par amitié pour l’âme slave ou en souvenir de cette fois où j’avais moi aussi été en difficulté à Moscou (mais pas en soutien-gorge) et j’avais trouvé une inconnue à qui raconter mes malheurs, mais le fait est que je suis restée. Effectivement, elle voulait surtout une oreille, une épaule sur laquelle pleurer : « je suis infirmière, mon mari a une maîtresse et il m’a frappé ce matin ». Allons bon, je l’ai consolée comme j’ai pu en marmonnant quelques « ça ira, ça ira », en l’aidant à se relever, je me suis même laissé embrasser grassement sur la joue, mais c’est quand elle a commencé à me donner des « C’est Dieu qui t’as mise sur mon chemin » que j’ai compris qu’il était temps de mettre les voiles. Je n’ai pu m’en débarrasser qu’en lui promettant de l’appeler bientôt, ce que je n’ai pas fait. Mais elle m’a tout de même fait de la peine.

Dragueurs de rue

Enfin, finissons sur une note positive et flatteuse : les dragueurs. Une copine de blog (allez-y, c’est vachement bien : www.u-blog.net/ptitpoual ) relate souvent les salades racontées par ces jeunes entreprenants aux jeunes filles dans les rues de Paris, et c’est pour lui faire écho que je voulais narrer deux anecdotes, histoire de montrer à la rouquine que les Kiéviennes n’ont rien à nous envier de ce point de vue là. D’abord, le jeune technicien d’Internet (oui oui, les mêmes qui étaient à deux doigt de m’expulser du territoire ukrainien deux jours avant). Pendant que son comparse (plus joli garçon que lui, d’ailleurs) s’évertuait à brancher les câbles, lui me faisait la discussion « Française, vraiment ? De Paris, vraiment ? Et vous jouez du piano, vraiment ? ». Puis glisse dans la conversation : « et sinon, le soir vous faites quoi ? », Bon, je fais mine de ne pas comprendre, alors son compagnon en rajoute une couche « il est en train de vous inviter un soir, là ». Je ris, et fais mine d’évacuer la discussion, mais l’après-midi même, devinez qui m’appelle ? « Oui, c’était pour être sûr que tout marchait bien… et sinon, pour ce soir, qu’est ce que vous en pensez ? ». J’ai crû m’en être débarrassée en prétextant une quelconque occupation, mais le lendemain, un texto cette fois, qui m’a faite hurler de rire (en traduction ça donne à peu près ça) : « Chère Natalie, vous m’avez enchanté avec votre beauté. Je serai toujours prêt à me promener avec vous, si vous en avez le souhait. Mes respects, Kirill ». Heureusement, il n’ pas réitéré. Mais l’anecdote m’a rappelé à quel point les garçons pouvaient être collants..

D’ailleurs, il y a peu, je sortais d’un bar, seule. C’était le soir et j’étais en plein centre-ville, me dirigeant vers le métro. Un chauffeur de taxi arrive à ma hauteur, et me lance un « Z’avez pas besoin d’un taxi ? » Je lui fait signe que non. Alors, il continue « Z’êtes sûre ? » Sourire négatif de ma part. Alors il s’est lancé dans un monologue appuyé, demandant pourquoi une siii jolie fille avec un siiiiii joli sourire ne prendrait pas un taxi. Il roulait au pas, juste à ma hauteur, et s’amusait à se rapprocher de moi un maximum. Comme je voyais que ce n’était qu’un jeu plutôt bon enfant, je suis restée sur le ton de la plaisanterie, mais lorsque j’ai atteint le boulevard Khreshatik, avec ses larges trottoirs piétons, j’ai pensé m’en débarrasser d’un signe de main. Que nenni, le chauffard s’est mis à rouler sur le trottoir, tout en me disant que si je voulais il pouvait me raccompagner gratis jusqu’à mon immeuble, même mon appartement si je voulais… Là, vraiment je rigolais, mais tut de même, heureusement qu’il ne m’a pas suivie dans le métro.

Mon prochain billet sera publié de Pologne. Il concernera mes aventures avec Hitchy et Scratchy, enfin je crois.

5 commentaires:

Lili Kawaii a dit…

Quelles aventures! J'aime ta façon d'écrire, c'est prenant ;)
Quant à la dame informe en soutien-gorge ET éméchée... Ca n'a pas dû être facile, j'imagine. Et puis dans ce genre de cas, on doit se dire "Pitié, que ça ne m'arrive JAMAIS....!"

Lili K.

Alcibiade a dit…

Ah ah, la colo de rabbins en Ukraine... Tu es sûre qu'ils ne cherchaient pas en fait la tombe de Makhno ?
Désolé pour le bashing, mais c'est en toute amitié.

Pour la drague, plaignez-vous jeunes filles d'être attirantes et de déclencher des avances maladroites ! Si cela pouvait m'arriver dans la rue, it would make my day...
Jeunes filles, si vous me croisez, n'hésitez plus.

Anonyme a dit…

A quand un livre, un vrai ?

Alcibiade a dit…

A quand le prochain billet, ca se relâche au niveau du rythme, j'ai plus rien à lire avec mon café matinal !

pepitasonata a dit…

Ha du coup je découvre tes aventures... il t'arrive des trucs de dingue dis-moi!

Félicitation tu décris super bien en tout cas (brrrrrrr)! bizzzzzz